top of page

BIOGRAPHIE

 

Eric Vautherin (1927-2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Présenter Eric Vautherin n’est pas une tâche facile : c’est un modeste qui n’aime pas qu’on le mette en avant et ses talents sont si divers qu’on ne sait sur lequel insister.

Eric Vautherin a passé une enfance heureuse  à Fraisans, au bord du Doubs dans le Jura. Une enfance qui l’a marqué parce que l’eau et les femmes qui s’y baignent tiennent une grande place dans ses peintures. Il a de plus bénéficié des conseils et des encouragements de son père aux côtés duquel il a peint ses premières aquarelles, ainsi que de ceux de son oncle Cournault, un graveur de grand talent qui admirait Delacroix.

 

   Après Nancy où son père est ingénieur principal aux Houillères, Eric arrive dans la Drôme en 1940. « J’aime énormément la Drôme », dit-il. Il a la chance de bénéficier pendant cinq ans de l’enseignement d’un pédagogue de la peinture hors pair qui a laissé un inoubliable souvenir à tous ses élèves (Jeannette Bady, Lauran, Pierre Martin, Palué, Sapet, Tardy), Paul Bernezat, directeur de l’École d’art de Valence. « Vous avez de l’esprit, lui dit le Maître, mais ne cédez jamais à la facilité. Soyez rigoureux. » Une leçon qu’il n’oubliera pas.

 

   Eric Vautherin commence par ouvrir un petit atelier et travaille à des dépliants touristiques : « Papa, s’écrie-t-il fièrement, tu n’as plus besoin de m’aider, je peux me débrouiller tout seul. » Sa seconde chance après celle d’avoir rencontré Paul Bernezat, c’est le pasteur Paul Eberhard qui la lui donne. Il est à la recherche d’un maquettiste pour son Illustré protestant. Eric Vautherin accepte sa proposition et se charge de mettre en page l’illustré du pasteur. Il devient vite incontournable au fur et à mesure qu’il acquiert les difficiles techniques de l’impression. Et quand l’imprimerie Desfossés ferme ses portes, il est accueilli par l’imprimerie Bellecour de Lyon, où pendant des années, secondé par sa femme, il s’occupe de la mise en page et de l’illustration d’une douzaine de périodiques missionnaires parfois à gros tirages. Il termine sa carrière professionnelle avec une imprimerie italienne de Turin qui dispose d’un puissant matériel moderne.

 

   Lors de sa retraite en 1993, il peut enfin peindre et graver ce qui lui plait, quand il lui plait de le faire. Avec son père il avait peint des aquarelles de paysages ou des natures mortes. Désormais il a trois grands sujets d’inspiration :

  1. des Christs et des Chemins de Croix, un sujet dérivant naturellement de son travail pour des revues missionnaires et de sa culture religieuse.

  2. des baigneuses aux formes voluptueuses, car la femme est pour lui une source d’inspiration et de poésie sans égale.

  3. Rimbaud. Pourquoi Rimbaud ? Le choix a de quoi intriguer. Rimbaud est né en 1854 et meurt à 37 ans. Il a produit ses premiers vers à 15 ans et s’est tu brusquement à 19 ans après avoir écrit Une saison en enfer qu’il n’a pas publié. Alors commence pour lui une vie d’errance en Belgique, en Angleterre, en Égypte, en Arabie, en Abyssinie. Il est mercenaire, interprète, employé de cirque, agent d’une maison d’exportation. Il meurt misérablement, amputé d’une jambe à Marseille. Rimbaud dans sa très courte période d’écrivain est le poète délirant, halluciné et génial des Illuminations et du Sonnet des voyelles ; Il est « l’enchanteur prestigieux qui se laisse emporter sur l’aile de sa vision de fièvre. »

 

   Grâce à la poésie et à Rimbaud, Eric Vautherin a obtenu une bonne note à l’oral de français du bac. Sans doute s’en souvient-il, en tout cas, dans les 25 strophes du Bateau ivre, il trouve une ample matière à une illustration foisonnante et exubérante. Au contraire des illustrations qu’on lui commandait, il est libre de toutes contraintes pour donner sa version visuelle du poème.

 

   La technique d’Eric Vautherin est originale « Je grave sur plexiglas avec un cutter, une pointe sèche. J’encre et je tire des épreuves, fixées ou non, du résultat. Je peux ensuite ajouter un collage, de la peinture, supprimer, corriger. Les puristes s’en indignent quelque peu. Et alors ? Je ne suis pas un vrai graveur mais avant tout un illustrateur ».

Le résultat est surprenant. 

© Éric Vautherin. Tous droits réservés.

bottom of page